Ensuite tout se déroula très vite même si le travail se prolongea sur deux saisons avec deux promotions, la crise sanitaire empêchant la rencontre de Léa d’avoir lieu en mars 2020. Deux années riches de belles rencontres pour les étudiants : Marin Rosenstiehl expliquant le métier si peu connu de repéreur, Karim Ghiyati interrogeant les liens entre théâtre et cinéma, Marion Bouvarel et François Fehner commentant le travail plus intime de l’acteur confronté à sa propre histoire sous le regard de leur propre fille, Julien Chigot dévoilant la laborieuse mais si stimulante activité de monteur et enfin Léa Fehner nous plongeant au cœur du parcours de création. Deux années où les questions d’analyse et de création s’entremêlèrent inextricablement, où la tentation de l’interprétation se confronta aux difficultés pratiques de fabrication et à la continuelle transformation d’une situation narrative en représentation audiovisuelle. Deux années riches de tentatives d’exprimer sa pensée par d’autres voies que l’article académique. Enfin deux années éprouvées par la difficulté de maintenir une proximité quand tout se passe à distance.

Les quelques lignes écrites suite à ma première rencontre avec le film lors du festival Indépendances et création d’Auch ont résisté à cette exploration collective profonde au cœur d’une œuvre qui ne m’a toujours pas rassasié : « Les Ogres réussit le tour de force de placer le spectateur au cœur du drame existentiel évoqué par Emmanuel Finkiel lors de la séance précédente de Je ne suis pas un salaud en abolissant les distances entre spectateur et personnage à l’instar des représentations théâtrales que nous voyons à l’image.

Et dans le tourbillon des situations qu’il propose de nous rendre palpable les joies et souffrances qu’engendre toute aventure humaine qu’on appelle existence.

C’est dans cette prouesse que Léa rejoint les plus grands cinéastes, Pialat et Cassavetes. »

Outre les invités cités plus haut, je tiens à remercier plus particulièrement Karim Ghiyati et Marie Chèvre à Occitanie films, Philippe Ragel, responsable du Master pour leur soutien de tous les instants et La Cinémathèque de Toulouse pour leurs belles projections.

Manuel Marin
Cinecure Formation
Chargé de cours « Cinéma et patrimoine » à l’Université Toulouse Jean Jaurès